Je ne résiste pas au plaisir de relayer, avec son autorisation, les vœux de Monsieur Grassin, Non parce qu'il me cite dans son texte mais parce que ses propos peuvent et doivent nous faire réfléchir sur le sens des actions que nous menons " dans les associations de la culture". Après les regrettables destructions qui ont affectés notre canton en 2013 nous ne pouvons que souhaiter une prise de conscience du public pour la sauvegarde de son patrimoine.
Chers amis de « Vendée / Bas-Poitou »,
Cette année, en guise de carte de saison, c’est avec une page du blog de Charles Antoine Verly (Saint-Hilaire-du-Bois) relatant le saccage et la disparition des sarcophages de Thiré que je vous présenterai mes meilleurs vœux pour 2014.
http://hapsh.over-blog.com/les-sarcophages-de-thir%C3%A9
Certes l’affaire est déplorable, mais aussi elle est porteuse d’espoir et elle donne du sens à notre action au quotidien. On ne saurait en vouloir – bien que la tentation puisse en être forte – au misérable propriétaire responsable de vandalisme sans le savoir. Il ne pensait certainement pas à mal en cassant de vieilles pierres gênantes et en jetant sans ménagement des restes humains. Bien au contraire, il aménageait au mieux sa propriété. Il n’était tout simplement pas sensible à l’intérêt que ces vestiges représentaient pour la collectivité. Bien sûr, ce qui est perdu est perdu.
Mais ce qui est gagné est gagné. L’intervention de citoyens soucieux du petit patrimoine a permis que des personnes jusqu’ici peu intéressées par les traces de notre passé ont enfin commencé à prendre conscience de leur valeur. Désormais, on saura ce qu’il y avait là quelque chose qui témoignait de notre histoire. Désormais, si l’on tombe à nouveau sur des vestiges, on y portera une attention nouvelle.
Ainsi cet événement apparemment malheureux est aussi un beau succès puis qu’il a enrichi culturellement ceux qui en ont entendu parler ou qui y ont participé, parce que, aussi, il permettra à l’avenir de mieux protéger les biens culturels que l’on pourra découvrir dans les champs et les jardins. On y regardera à deux fois avant de casser un sarcophage quand on en butera sur une grosse pierre taillée en aménageant un accès à une cave.
C’est dire l’importance de notre action dans les associations de la culture. À chaque fois que nous portons l’attention du public sur un modeste fragment d’une œuvre d’art, nous élevons le niveau de conscience de la population et, par avance, nous évitons de futures atteintes au patrimoine. C’est un travail de fourmi qui porte ses fruits en se disséminant dans les mentalités. L’ouvrier maçon qui remarquera une pierre ouvragée la mettra alors de côté au lieu de la faire disparaître. Quand l’employé municipal dégagera une tombe abandonnée dans le cimetière, il fera attention aux œuvres d’art remarquables qui peuvent s’y trouver et qui seraient susceptibles d’un réemploi. Alors avant de démolir un petit monument qui gêne le passage de la tondeuse communale, le responsable cherchera un compromis entre la commodité et le patrimoine. En signalant un acte de vandalisme ou une négligence regrettable, le citoyen attire l’attention de ses compatriotes sur la valeur de leur environnement. Un peu de tapage quelquefois peut même faire du bien (attention cependant à ne jamais condamner les inconscients responsables d’une perte dans la mesure où sont susceptibles de comprendre à l’avenir l’intérêt des biens culturels). Tout est une question d’éducation à pratiquer au jour le jour sur nous-mêmes et sur ceux qui nous entourent.
À l’heure où nous allons élire bientôt les administrateurs de nos communes, indépendamment de tout clivage politique, pensons à manifester auprès des candidats notre souci pour le respect du patrimoine matériel et immatériel. Nous serons entendus.
Quand on demanda au prix Nobel de littérature Saint-John Perse pourquoi écrire de la poésie, il répondit : « Pour mieux vivre ».
Si de notre côté nous nous approprions notre histoire par le patrimoine qu’elle nous a laissé, ce ne peut être que pour vivre mieux.
C’est le vœux que je formule pour notre secteur de Vendée au nom de l’association en ce début d’année : elle a bien besoin du supplément de valeurs que nous lui apporterons.
Jean-Marie Grassin
Président de « Vendée Bas-Poitou »
Photo prise par Robuchon de la crypte de l'église de Vouvant telle qu'elle était à la fin du XIXe siècle après avoir été dégagée des gravats qui la comblaient depuis les Guerres de religion. Parmi ces gravats, on a trouvé des vestiges du grand portail occidental de l'église qui se trouvait vraisemblablement sur la Place du Corps-de-garde ; ils sont exposés sur la photo. Aujourd'hui certains se trouvent toujours dans la crypte ; d'autres ont été déplacés à l'Historial de la Vendée (avec une fausse datation comme étant "modernes") et au Musée vendéen de Fontenay. On en trouve ailleurs dans Vouvant.